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AUX ORIGINES DU ROSAIRE : DE LA PUNITION A LA DEVOTION

Le mois d’octobre est considéré comme celui  du Rosaire par excellence, même si nous devons prier la Très Sainte Vierge Marie en tout temps. Savons-nous d’où nous vient cette dévotion mariale ?

DOMINIQUE LE CHARTREUX, PERE DU ROSAIRE

Très tôt, la piété populaire a voué une dévotion toute particulière à la Mère de Dieu, La Très Sainte Vierge Marie. En effet des processions avec une statue de la Vierge Marie ornée de « rosarium », une guirlande de roses, étaient très fréquentes. C’est dans cette ferveur mariale qu’est apparu, progressivement, ce qui allait devenir le « Ave Maria » et qui ne se fixera dans sa forme définitive que vers le XVème siècle. Comment alors le Rosaire est-il apparu ?

L’histoire raconte qu’au XVème siècle, en Prusse, le prieur de la Chartreuse de Trèves demande à un novice peu docile de réciter, en guise de punition,  chaque jour cinquante Ave Maria en méditant la vie de Jésus. Contre toute attente, le jeune chartreux, nommé Dominique, rédige alors 50 courtes méditations, ou clausules,  en latin et  en allemand. Son prieur est alors séduit par cette proposition nouvelle et l’envoie à divers monastères de son ordre afin d’y expérimenter cette forme de prière. Puis Dominique rédige une série de trois fois 50 clausules, en parallèle avec les 150 psaumes. Peu à peu, pour faciliter la mémorisation, on passe à l’usage de regrouper les Ave en quinze dizaines, toutes introduites par un Pater. On réduit ainsi le nombre de clausules qui passe de 150 à 15. Le Rosaire est né. Par la suite, on réserve l’usage du mot « Rosaire » aux quinze dizaines, chapelet n’en désignant que cinq.

D’autre part, c’est au Frère Alain de la Roche, né en Bretagne en 1428, entré dans l’Ordre des prêcheurs (dominicains) que l’on doit sa diffusion. Il prêche en Flandre puis à Lille où, en contact avec des monastères chartreux, il découvre les clausules de Dominique de Prusse qui l’enthousiasment. Alain de la Roche devient ainsi le grand apôtre du Rosaire. Il prône la création des Confréries du Rosaire dont le succès est immense, jusqu’en Italie et dans le reste de l’Europe occidentale.
Curieusement, Alain de la Roche attribue l’origine du Rosaire à Saint Dominique Guzmán, le fondateur de son ordre, mort en 1221, plutôt qu’à Dominique de Prusse. Bien que sans aucun fondement historique, cette légende sera répétée jusqu’à une époque très récente.
À la fin du XVème siècle, apparaît la formule «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs». L’adjectif «pauvres» accolé à «pécheurs» est ajouté plus tard.

Il faut aussi noter qu’à cette époque,  le métier de patenôtrier (fabricant ou marchand de chapelets) prend de plus en plus d’ampleur et ce, avec l’expansion de cette nouvelle forme de prière mariale.

 

LE ROSAIRE, PRIERE DE TOUT LE PEUPLE CHRETIEN

Au XVIème siècle, l’imprimerie permet de multiplier les livrets ornés de gravures représentant les « mystères » choisis pour les méditations.
En 1571, le Pape Pie V, dominicain, institue comme fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, déjà fête de la confrérie, en action de grâce pour la victoire de Lépante sur les Turcs, voulant conquérir l’Europe, considérée comme un miracle obtenu par la prière du Rosaire dans laquelle toute la chrétienté s’est impliquée à sa demande.
En 1572 le même Pie V officialise la liste des quinze mystères. Le Rosaire devient la prière du peuple chrétien.
Au long des siècles, de grands chrétiens vont y attacher leur nom : au XVIIIème siècle, Louis-Marie Grignon de Montfort est le grand héraut du Rosaire ; au XIXème siècle Pauline Jaricot lance le Rosaire vivant; à la grotte de Lourdes, en 1858, Bernadette Soubirous récite le chapelet avec la Sainte Vierge; Bartolo Longo fonde à Pompéi un sanctuaire dédié à la Vierge du Saint Rosaire; le Pape Léon XIII consacre à la prière du Rosaire douze encycliques, ce qui le fait appeler « le Pape du Rosaire ».

Au XXème siècle, à Fatima, en 1917, la Vierge elle-même déclare à trois enfants: « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à réciter chaque jour le chapelet, à faire pénitence pour leurs péchés et à changer de vie ».

Au début du XXIème siècle, Jean-Paul II proclame une année du Rosaire (octobre 2002-octobre 2003). Il lance un cri poignant à tous les chrétiens: « Que mon appel ne reste pas lettre morte » et ajoute aux quinze mystères, joyeux, douloureux, glorieux, des « petits nouveaux », les cinq mystères lumineux.

 Ainsi en ce temps de ferveur mariale nous devons considérer qu’à chaque « Ave Maria »  récité c’est  une rose que nous offrons à la Vierge Marie, Mère de Dieu. Saint Mois de prière à tous sous le regard aimant de  Notre Dame du Rosaire.