
Homélie du Jour de Pâques « Le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia-Alléluia ! »
Bien chers frères et sœurs,
Après les épreuves de la Passion et de la mort du Christ, nous voilà témoins, depuis la nuit dernière de la joie de la Résurrection du crucifié.
La belle liturgie de la vigile pascale ponctuée par le rite de la lumière du feu nouveau qui illumine la nuit de nos ténèbres, l’annonce de la Pâques du Seigneur par le chant de l’Exultet qui nous rappelle la nuit du vrai bonheur où l’homme rencontre Dieu puisque par la faute d’Adam, Dieu nous a offert un Rédempteur.
Une liturgie de la Parole qui retrace toute l’histoire de l’Alliance jusqu’au jour décisif du don du Salut par les mérites de l’homme des douleurs qui, au matin de Pâques surgit de son tombeau et désormais devient victorieux de la souffrance et de la mort. Une liturgie baptismale et eucharistique qui nous rappelle notre participation à la vie même du Christ à travers la rénovation de nos promesses baptismales et le mémorial de la Cène « Faites cela en mémoire de moi ». (1Co 11)
Comme les femmes qui se sont rendues au tombeau dès le lever du jour, stupeur et joie s’entremêlent dans les cœurs à l’annonce de l’ange : « Soyez sans crainte, vous cherchez Jésus le crucifié. Il n’est pas ici, il est ressuscité comme il l’avait dit (..) et voici qu’il vous précède en Galilée ; là vous le verrez. » (Mt28,9-10)
Message surprenant pour des gens qui ont vu Jésus souffrir et mourir. Cependant, un message audible du fait qu'il est l’accomplissement d’une promesse faite par le maître aux disciples : « Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il souffre beaucoup, qu’il soit crucifié et que le troisième jour, il ressuscite. » (Lc24,7)
Des témoins de la Résurrection du Christ, un personnage retient ce matin notre attention : c’est Marie de Magdala.
A la différence des femmes venues au tombeau de grand matin tel que nous le raconte le récit de Mathieu, cette dernière ne rencontre pas d’ange pour lui annoncer la Bonne Nouvelle. Elle est plutôt bouleversée à la vue de la pierre roulée et d’un tombeau vide. Jean l’évangéliste signale que « c’était encore les ténèbres », une mention importante qui nous aide à faire avec Marie Madeleine un chemin de progression spirituelle qui nous fait passer de la nuit de la méconnaissance à la lumière de la foi.
Elle court alors dire à Simon et l’autre disciple : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Une surprise effrayante puisqu’en allant au tombeau ce matin là, Marie Madeleine partait pleurer encore son Seigneur déposé à l’intérieur de ce rocher après sa mort douloureuse.
C’est au constat des disciples, en l’occurrence Pierre et celui dont le nom est sciemment omis que le tombeau vide va livrer tout son message : « Il vit et il crut ». Ce tombeau vide, est alors, frères et sœurs, la preuve éloquente que Jésus n’est plus parmi les morts. Il faut le rechercher ailleurs. Bien sûr que les évangélistes donnent le témoignage des différentes théophanies (apparitions) du Christ après sa Résurrection. Cependant, la foi en cette Résurrection naît au tombeau vide. Une foi qui nous fait quitter le sépulcre lieu du silence de la mort pour aller proclamer au dehors que celui qui a été crucifié sur le bois du supplice, Dieu l’a ressuscité.
C’est cette première annonce de la Bonne Nouvelle à laquelle s’exerce Pierre qui, au soir de Gethsémani avait tenu ferme qu’il ne connaissait pas cet homme. Comme le langage de la croix, il y a quelque chose d’indicible dans l’événement de la Résurrection. Nous sommes en effet au cœur d’un grand mystère.
Pâques, chers frères et sœurs, n’est pas simplement le réveil d’un mort comme s’en était pour le cas de Lazare de Béthanie. Pâques est la victoire de l’Amour d’un Dieu sur la haine humaine, elle est la victoire du Bien sur les forces occultes du Mal, la victoire de la Miséricorde sur le Péché. Désormais, les chaînes de la peur sont brisées pour laisser place à l’audace de la foi : celle de l’annonce sans réserve que « celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois de la croix, Dieu l’a ressuscité le troisième jour » (Acte des Apôtres).
En ces temps difficile de l’histoire de notre humanité, ramenée à faire face avec lucidité à sa propre fragilité, il s’avère nécessaire de saisir le sens et la profondeur de Pâques comme mystère de la Puissance unique et salvatrice de Dieu qui libère l’homme de toutes servitudes et en l’occurrence celle de cette pandémie qui a fini de mettre à nu notre arrogance face à Dieu pour nous situer en face de « notre faiblesse et notre vulnérabilité » (je paraphrase le Cardinal Robert SARAH).
Comme Pierre et l’autre disciple en qui chacun de nous pourrait s’identifier, le message du tombeau vide nous appelle à quitter nos carapaces qui nous alourdissent et nous fixent, c'est-à-dire rompre avec nos certitudes cartésiennes pour nous émerveiller devant un si grand mystère qui nous transfigure afin d’être porteurs de la Bonne Nouvelle de la Résurrection dans nos différents milieux de vie et d'expression: en famille, au travail, en association, en politique et dans nos communautés ecclésiales.
Le Carême et les célébrations pascales de cette année 2020 seront une étape inoubliable parce que la pandémie du Covid 19 à laquelle nous sommes confrontés, nous a empêchés de célébrer ces moments essentiels de notre foi dans nos églises en assemblée. Heureusement, les moyens de communications actuels nous ont permis de garder le lien entre nous dans une parfaite communion spirituelle.
Cependant lisons-y le sens de la Pâques c'est-à-dire un passage de l’esclavage du péché à la liberté des enfants de Dieu rachetés par le sang du Christ.
Notre humanité pécheresse a été fixée sur le bois de la croix pour laisser s’épanouir désormais la dignité nouvelle de la multitude des enfants de Dieu dont le Christ est le frère aîné. Ainsi, à la sortie de cette grande pandémie, notre monde aura un nouveau visage, il guérira de ses blessures et sera pain nouveau, levain de vérité, de droiture, de Justice et d’Amour et porteur de l’Espérance au carrefour des Nations où le Christ nous donne rendez-vous.
« Ils sont finis les jours de la Passion, suivez les pas du ressuscité, suivez- le jusqu’en son Royaume où vous posséderez enfin la joie parfaite ! »
Amen !
P. Ferdinand SAMBOU,
Curé.
Commentaires