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HOMÉLIE DU 3ième DIMANCHE DE L’AVENT « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » Philippiens 4,4-5.

« Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » Philippiens 4,4-5.

L’antienne d’ouverture donne le ton à la célébration de ce 3ème dimanche de l’Avent communément appelé « Gaudate » Dimanche de la Joie.

La raison : c’est que nous avons la certitude que notre attente va bientôt finir ; le Seigneur est proche, son jour va bientôt poindre. Aux travers des textes liturgiques de ce jour se révèle une grande Parole d’Espérance pour tous les hommes et femmes de bonne volonté qui attendent dans la foi l’accomplissement des promesses de Dieu.

La prophétie d’Isaïe, préfiguration lointaine du Messie-Christ, annonce une bonne nouvelle à un peuple humilié et anéanti par cinquante années d’exil. L’oint de YHWH décline l’objet de sa mission : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ».

Cette annonce prophétique trouve toute son actualité dans le contexte historique qui est le nôtre. Un monde aussi troublé comme il l’est cette année, nous n’en avions pas certainement connu auparavant. Nous ressemblons à ce peuple « captif » puisque nos « libertés » ne s’expriment plus comme nous le voulons à cause d’un ennemi sournois qui nous dicte sa loi : Le Coronavirus.

Comment notre Joie peut-elle être  parfaite lorsque « le ciel nous tombe sur la tête » ? Pourtant la puissance de la Parole du Seigneur nous révèle que rien n’est impossible pour celui qui croit. Le Petit reste d’Israël qui s’est gardé fidèle à l’Alliance fait l’expérience de ce renouveau : « Je tressaille de Joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu (...) ». Dieu n’abandonne jamais ceux qu’Il aime et qui l’aiment en retour. Comme jadis pour Israël, il nous revêtira des vêtements du Salut : « il fera germer la justice devant toutes les Nations ».

C’est aussi la Bonne Nouvelle de l’Évangile de ce jour ; celle dont Jean-Baptiste est le porteur.

Le prologue de l’Évangile de Jean dont nous lisons un passage ce jour, nous renseigne sur le personnage du baptiste et surtout sur sa mission. Il nous paraît important de relever l'attente du Messie libérateur que nourrissaient les juifs à l'époque de Jean était tellement nourrie du fait de l'occupation romaine à telle enseigne que le personnage du précurseur et son message suscitaient beaucoup de questionnements. C'est pourquoi, ils lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour trouver réponse à leurs inquiétudes. Sa réponse est sans équivoque : il n'est ni le Christ, ni le prophète Élie (qui devait revenir) encore moins le

prophète annoncé. Jean est « la voix de celui qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur » reprenant la prophétie d'Isaïe six siècles auparavant.

Le baptême qu'il donne est celui de la conversion pour accueillir celui qui vient derrière lui et qui déjà se tient au milieu de ce peuple aveuglé par une attente d'un messie politique.

Son témoignage et sa mission ont pour but de préparer le terrain à celui qui vient renouveler les cœurs et les esprits pour les réconcilier avec Dieu. Désormais avec le Christ, le temps de la prophétie est clos, car c'est Dieu lui-même qui vient à la rencontre de l'homme. L'incapacité de Jean-Baptiste à défaire la courroie de ses sandales est l'expression symbolique de son effacement pour laisser place à celui qui inaugure les temps nouveaux. A Noël, c'est la Parole, (Verbe) éternelle du Père qui entre dans le cours du temps pour se faire l'un de nous ; solidaire de la condition de tout homme pour ramener les cœurs à Dieu. N'est-ce pas l'annonce que Jésus lui-même fera à la synagogue de Nazareth où il avait grandi : « l'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a consacré par l'onction pour aller annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle (...) ». Et avec toute la solennité de sa personne, il annonce que c'est maintenant que cette prophétie s'accomplit.

A quelques jours de Noël chers frères et sœurs, ne nous laissons pas envahir par une conception sociétale ou sociologique de cette grande fête ; mais laissons-nous habiter par le désir d’accueillir le Dieu qui vient dresser sa tente au milieu de nous afin de nous apporter sa Paix. Laissons-nous habiter par cette joie immense de la venue du Fils de Dieu et prenons à notre compte comme une prière les paroles de l'apôtre Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens :

« Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle : tout cela, il le fera »

Amen

P. Ferdinand SAMBOU, Curé.