Frères et sœurs en Christ, en ce mardi saint, alors que nous tendons vers le triduum pascal qui nous fera méditer sur la mort et la résurrection de notre Seigneur, saint Jean au chapitre 13 de son livre, nous donne un aperçu de l’ambiance qui prévalait dans le groupe des disciples. C’était une ambiance morose, comme celle que nous connaissons actuellement avec la pandémie : une ambiance de tristesse car Jésus va bientôt être crucifié ; une ambiance de trahison tout simplement, car c’est un des disciples qui va le livrer aux autorités, à savoir Judas, en attendant que Pierre le renie après son arrestation.
Frères et sœurs, nous aussi nous expérimentions la trahison. Les souffrances que nous endurons sont très souvent la conséquence des trahisons que nous provoquons ou subissons. Nous tombons malades lorsque nos corps, jadis jeunes et vigoureux, après nous avoir longtemps portés et supportés, se mettent subitement à nous lâcher. Nous souffrons d’une crise relationnelle lorsque le conjoint, le collègue ou l’ami, en qui nous avions mis toute notre confiance, nous révèle une facette plus ténébreuse de sa personnalité qui nous ébranle. Nous subissons actuellement de plein fouet les affres de la pandémie du coronavirus parce que, entre autres interprétations, cette crise mondiale exprime la révolte de la planète surexploitée par l’homme que Dieu a chargé d’en être le gérant, mais qui a préféré en devenir le pollueur, le profiteur et le fossoyeur. La nature s’est sentie trahie par celui qui devait la protéger, et elle le fait comprendre à l’homme.
Dimanche dernier, le pape François, dans son homélie des Rameaux, disait ceci : « "Aujourd’hui, dans le drame de la pandémie, face à tant de certitudes qui s’effritent, face à tant d’attentes trahies, dans le sens d’un abandon qui nous serre le cœur, Jésus dit à chacun de nous : “Courage : ouvre ton cœur à mon amour. Tu sentiras la consolation de Dieu qui te soutient”. » Le pape nous invite donc à demander la grâce de vivre pour servir, pour aimer. Car c’est parce qu’il a mis l’amour au cœur de ses préoccupations que le Christ est sorti du tombeau vainqueur de la trahison et du mal.
Ainsi donc, si l’amour est prioritaire dans les relations entre l’homme et son semblable, entre l’homme et la nature, il n’y aura pas de trahison, il n’y aura pas de souffrance telle que celle que nous connaissons aujourd’hui. Il y aura tout simplement une harmonie dans la création.
A celui qui met le service et l’amour au cœur de ses relations, le Seigneur, par la bouche d’Isaïe lui dit dans la première lecture de ce jour : « En toi je manifesterai ma splendeur » (Is 49).
Pour un monde nouveau, pour un monde de service et d’amour, et non de trahisons et de souffrance, que le Seigneur nous libère du coronavirus, et fasse parvenir son salut jusqu’aux extrémités de la terre. Amen !
                                                           

                                                                                          P. Blaise-Pascal Sagna, Saint Christophe de Yoff.