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LES 3E MANDATS EN AFRIQUE, UNE INSTABILITE POLIQUE, VERITABLE CASSE-TETE POUR LES POPULATIONS

Faudrait-t-il encore du temps pour que la conscience démocratique s’incarne au-delà des mots ? Ou doit-on simplement dire que la démocratie est un luxe pour l’Afrique ? Au mieux, qu’un cours sur la démocratie soit dispensé à certains de nos dirigeants Africains ?

Un peuple sans voix ni lendemain, mais une conviction forte qu’il ne peut pas avoir de développement sans stabilité politique, avec des chefs d’Etats qui aspirent pour la plupart à briguer un 3e mandat, même si le physique réclame un repos.  Se reprochent-ils une mauvaise gouvernance ? Craignent-ils de partir en exil et voir des cadavres sortir de leurs placards ? 

On croirait à un tour de passe-passe, le phénomène 3e mandat se répand en Afrique de fil en aiguille, telle une pandémie dont le remède reste inconnu. 

 En Guinée comme en Côte d’ivoire, des têtes se lèvent, des langues se délient, des vies sont perdues. Où est passé le pouvoir du peuple?

À la tête de la Guinée depuis 10ans, Alpha Condé brigue un 3e mandat aux risques et périls des populations. Sentant sa fin venir, l’homme de 82ans fait voter une nouvelle constitution à la suite d’un référendum qu’il avait organisé en mars dernier, lui permettant alors d’être éligible à la présidentielle d’octobre 2020 et avoir la possibilité de solliciter deux nouveaux mandats et rester à la tête du pays jusqu’à 92ans donc en 2030. Une ruse qui ne laisse pas le peuple indifférent et qui a déclenché des manifestations ayant entrainé près d’une trentaine de morts et un nombre incalculable de blessés.

En côte d’ivoire, l’actuel chef de l’Etat avait promis en 2017 de ne pas se représenter à la présidentielle d’octobre 2020.  Mais après le décès de son dauphin Amadou Gon Coulibaly ancien premier ministre et contre toute attente, Alassane Ouattara se remet en course. L’homme de 78ans, voulant marcher sur les traces de ses homologues José Edouardo dos Santos de l’Angola et Joseph Kabila de la RDC pour ne citer que ceux là avec des dauphins à leurs avantages.

Un revirement qui verra naitre dans le pays des vagues de manifestations, et à cela se greffent des adversaires qui veulent à tout prix récupérer le pouvoir confisqué depuis plus de 20 ans, donc ne sont pas prêt à accepter un 3e mandat. D’où les appels à la désobéissance civile observés ces derniers temps en Côte d’ivoire.

D’ailleurs lors d’une interview accordée dans jeune Afrique Pascal Affi N’Guessan candidat du FPI dont la candidature a été validée pour la présidentielle du 31 octobre, affirme être prêt à descendre dans les rues aux cotés des ivoiriens pour faire renoncer Ouattara qui veut opérer un forcing en prenant en otage les deux institutions chargées de l’organisation des élections et de la proclamation des résultats, à savoir la commission électorale et le conseil constitutionnel.

A cette allure, hormis la crise de la Covid19, une crise politique guette la côte d’ivoire, il faut craindre que le pays replonge dans le chaos comme en 2010-2011.

L’ère des présidents à vie

Par ailleurs, au Mali, en Ouganda comme au Cameroun et dans d’autres pays d’Afrique noire des chefs d’Etat aspirent à un pouvoir à vie, tant bien que l’instabilité, l’absence de liberté civile comme politique et la corruption abusée définissent leurs régimes.

Que faire pour remettre les pendules de la politique africaine à l’heure ? Est-ce que les peuples doivent se lever à l’unisson à l’exemple des mutins du mali ?

Parlant du Mali, le pays est à son 4e (quatrième) coup d’état depuis son accession à l’indépendance en 1960. Le plus récent date du 18 août dernier en renversement d’IBK ancien président depuis 2013. Après sa réélection en 2018, le pays a fait face à une montée des tensions politiques et sociales accentuant ainsi la crise sécuritaire, déjà que la stabilité est d’une denrée rare dans cette partie de l’Afrique.

Les résultats des législatives d’avril 2019 vont être contestés, Ibrahim Boubacar Keïta est jugé incapable de gérer les violences intercommunautaires, à résoudre la crise économique et institutionnelle dans laquelle s’enfonçait le pays, des manifestations réclamant sa démission ont été observées dans les rues.

Le mouvement du 5 juin (rassemblement des forces patriotiques) soutenus par plusieurs autres manifestants ont arrêtés IBK avant de le pousser à annoncer sa démission à la télévision nationale malienne (ORTM).

Une démarche qui a peut-être plu à certains mais pas à la CEDEAO.

Au Cameroun des centaines de personnes y compris des journalistes ont été arrêtés par la police anti-émeute lourdement armée, lors des manifestations appelant au départ de Paul Biya chef de l’Etat camerounaise depuis 1982 soit 38 ans au pouvoir. Les populations ont exprimé leur ras-le-bol et espèrent simplement que les autorités entendent raison.

Si les torchons brulent aujourd’hui dans certains pays, demain on enregistrera des affrontements dans les pays des présidents comme Yoweri Museveni de l’Ouganda, Sassou Nguésso du Congo-Brazza, Faure Gnassingbé du Togo, etc… en tous cas la liste des mandats interminables reste à dérouler.

Pas étonnant, c’est juste en Afrique que l’on rencontre un chef d’Etat avec plus de 20ans au pouvoir, bien que la durée maximale d’un mandat soit de 5ans. Doit-on relevé de ces dirigeants de l’amour pour la patrie ou juste une simple volonté à s’accrocher au pouvoir ?

 « Les tenants de pouvoir actuel en Afrique redoutent que si l’opposition arrive aux affaires ils seront obligés de prendre leurs effets et partir en exil et dans ce genre de contexte tous les moyens sont bons pour conserver le pouvoir » expliquait Sylvain N’Guessan analyste politique Ivorien sur l’antenne BBC.

Est-ce une raison fondamentale pour sacrifier des générations ? La stabilité politique et la paix constituent deux (2) principaux enjeux auxquels doivent faire face les Etats africains. Mais sans efforts concertés le continent risque de vivre avec ce spectre des présidents à vie, vu la réalité qui nous renseigne largement là dessus.

Si des moyens efficaces pour lutter contre les coups d’Etat constitutionnels aux gouvernements ont été mis en place celui des dirigeants éternels reste une équation à résoudre sur la table de l’UA (union africaine).