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HOMELIE DU JEUDI SAINT 9 AVRIL : CÈNE DU SGR (L’AMOUR SAUVERA LE MONDE)

Des fléaux, des guerres, des catastrophes et des épidémies, l’humanité en a toujours connu depuis l’Antiquité, depuis le déluge. La pandémie actuelle n’est donc pas la première et elle ne sera pas la dernière. En période trouble, quand la mort menace, si beaucoup de personnes préfèrent se tourner vers les faux dieux, vers la seule science ou vers les charlatans pour conjurer le mauvais sort, le croyant, lui, s’est toujours appuyé sur Dieu pour s’en sortir.
En effet, comment ne pas être rassurés par la première lecture (Ex 12,1-8.11-14) qui nous raconte comment les Hébreux étaient protégés par Dieu en Égypte ? Grâce au sang de l’agneau qu’ils mettaient sur les deux montants et sur le linteau de leurs portes d’entrée, ils ont été épargnés de la dixième plaie d’Égypte quand l’ange de la mort passait dans les maisons pour frapper les premiers-nés. Avant la traversée de la Mer Rouge, les Hébreux ont pris leur dernier repas en mangeant du pain sans levain et un agneau sans tâche dont le sang versé était signe de salut.
Et chaque année, à l’occasion de la Pâque juive, en mémoire de sa sortie d’Égypte, la communauté d’Israël célèbre ce repas : « Ce sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. » dit le Seigneur en Ex 12,14.
C’est dans ce contexte que, la veille de sa Passion, c’est-à-dire en ce jeudi saint, Jésus a reconstitué le repas pascal pour lui donner un sens nouveau (cf. 2ème lecture 1 Co 11,23-26). Le soir du Jeudi saint, Jésus n’a pas fait que commémorer la première Pâque qui remonte à Moïse. Mais il a célébré une nouvelle Pâque, un nouveau passage, un nouveau mémorial. Le pain sans levain mangé en toute hâte par les Hébreux, ce sera dorénavant son corps livré pour un monde nouveau. Et le sang des agneaux sacrifiés, ce sera désormais son propre sang versé sur la croix pour abreuver notre terre desséchée.
Jésus choisit de mourir, car il nous aime, car la meilleure manière de prouver son amour à quelqu’un, c’est de se donner pour lui. Le don de soi comme expression de la charité parfaite, voilà l’enseignement que nous livre notre Seigneur. En donnant sa vie sur la croix, Jésus nous apprend que seul l’amour véritable sauvera le monde, car celui qui aime vraiment ne va pas se servir des autres pour sa propre gloire, mais il va plutôt les servir, il va s’abaisser à leur niveau pour leur laver les pieds et se faire solidaire d’eux (Jn 13,1-15). L’amour de Jésus pour le monde se manifeste donc dans le don de soi symbolisé par l’eucharistie, et dans le service symbolisé par le lavement des pieds. Eucharistie et lavement des pieds sont les deux moments forts de la liturgie de ce soir, ils doivent être les deux piliers de notre vie.
Frères et sœurs, l’histoire qui a commencé ce soir à la Cène ne s’est pas arrêtée le lendemain au Golgotha. Mais elle s’est prolongée, et elle se prolongera à l’infini, si nous privilégions l’amour en étant solidaires et serviables les uns des autres ; cette histoire se prolongera tant que nous en ferons mémoire et que nous nous laisserons nourrir et abreuver par le corps et le sang du Christ. Cette histoire se prolongera à l’infini parce que, après son abaissement sur la croix, le Christ va ressusciter et nous faire passer du chaos du coronavirus au bonheur total pour les siècles des siècles. Amen !

Père Blaise-Pascal Sagna.