HOMÉLIE DU 7 ième DIMANCHE DE PÂQUES
Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière ». Ac1,14
Entre le Jeudi de l’Ascension et le Dimanche de Pentecôte, l’Eglise toute entière est invitée à l’instar des disciples à entrer au cénacle pour se préparer dans la prière à recevoir le don du Saint-Esprit.
Jésus s’en est allé vers le ciel, confiant à ses amis la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle afin de gagner les cœurs des hommes à Dieu : « Tout pouvoir m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, apprenez –leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». (Mt28, 19-20).
Jésus passe ainsi la main à ceux-là avec qui il a partagé les trois années de son ministère publique. L’événement de l’Ascension se passe au mont des oliviers où Jésus avait prié la veille de sa Passion. C’est de là que partiront les disciples inaugurer une nouvelle ère, celle de la mission qui requiert en amont une forme de retraite spirituelle. Pendant dix jours, enfermés dans la chambre haute, ils vont se mettre en prière dans l’attente joyeuse de l’effusion de l’Esprit –Saint, le Paraclet, force et souffle de Dieu qui soutiendra leur mission et leur témoignage. La liturgie de la Parole de ce 7ème dimanche de Pâques met en lumière la place et la force vitale de la prière dans la vie de l’Eglise, communauté de croyant mais aussi pour chaque baptisé qui doit trouver en celle-ci (la prière) la nourriture essentielle à sa vie de tous les jours pour affronter tous les événements,
L’auteur du livre des Actes des apôtres insiste sur cette dimension communautaire de l’Eglise naissante après l’Ascension : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec ses frères. »
Les disciples appréhendaient déjà la lourdeur de leur mission, les difficultés qu’ils vont rencontrer, les décisions qu’ils devront prendre et surtout l’hostilité des ennemis du Christ .D’où l’importance de la prière pour y trouver les énergies nécessaires. Nous également, comme baptisés, nous participons selon nos différents états de vie et nos charismes multiformes à la mission de l’Eglise et la construction de notre société humaine. Cet investissement requiert de notre part une disponibilité à la grâce de Dieu. C'est-à-dire trouver en Dieu, celui qui est le protagoniste premier de la mission, qui lui donne toute sa force et son sens. Le psalmiste ne dit il pas « Si le Seigneur ne bâtit les maisons, les bâtisseurs travaillent en vain ».
Jésus, lui-même Fils du Très- Haut mettait la prière au début, au centre, et à la fin de son ministère. L’Evangile, en plusieurs circonstances met en scène Jésus en train de prier.
Son discours dit « sacerdotal » que nous méditons ce jour est une grande prière. Devant l’imminence de son départ, Jésus prie. Son Heure est désormais arrivée ; son humanité est en souffrance, il sait qu’il va être mis à mort par les grands du peuple. Cependant, il ne perd pas confiance à son Père qui l’a envoyé pour sauver le monde. Le moment est venu pour que tout éclate au grand jour, ce qui était caché sera révélé afin que les hommes croient qu’il vient de Dieu et que lui seul peut leur donner la vie éternelle. « Père l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie ». Cette prière de Jésus avant sa mort n’est pas orientée vers lui-même, son objet principal, c’est le Salut de l’homme. C'est-à-dire la participation de ce dernier à cette communion intime d’Amour entre le Père et le Fils.
La prière du Christ n’est surtout pas centrée sur sa personne. Elle est entièrement décentrée c'est-à-dire offerte pour le Salut de ceux que son Père lui a donnés : « Moi je prie pour eux … ».
La prière, chers frères et sœurs n’est pas un exercice d’autosatisfaction qui met notre « Moi » en valeur. La prière requiert d’abord l’humilité et la confiance à l’Autre ». Cet Autre, c’est Dieu qui rend possible un dialogue. Il y a alors dans la prière une nécessaire sortie de soi pour éviter tout monologue qui viderait celle-ci de son sens comme se fut la prière du pharisien au temple dans l’Evangile de Luc.
Prier c’est d’abord avoir le sentiment du divin en soi. Prier c’est reconnaître le besoin de Dieu dans sa vie. Prier, c’est s’ouvrir à l’Amour et à la Miséricorde de Dieu qui transforme et renouvelle notre vie. Prier, c’est porter le monde et l’offrir à Dieu comme Jésus a porté l’humanité et s’est offert pour son Salut. Prier c'est aussi rendre grâce à Dieu, le remercier.
En ces jours qui nous séparent de la Pentecôte, entrons tous dans les cénacles de notre cœur pour vivre une véritable intimité avec le Christ qui nous envoie son Esprit afin de nous libérer des turpitudes de notre temps.
Que l’Esprit de Pentecôte vienne renouveler notre Eglise en bute à la souffrance sous toutes ses formes. Marie, notre mère, la mère de Jésus était dans le groupe qui attendait avec joie et Espérance le don de l’Esprit. Qu’elle vienne au secours de notre manque de foi et de nos résistances qui étouffent l'Espérance.
« Dieu tout puissant, force de ceux qui espèrent en toi, sois favorable à nos appels : puisque l’homme est fragile et que sans toi il ne peut rien, donne-nous toujours le secours de ta grâce ; ainsi nous pourrons, en observant tes commandements, vouloir et agir de manière à répondre à ton amour ».
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
P. Ferdinand SAMBOU
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