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HOMÉLIE DU 5ème DIMANCHE DE PÂQUES

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé(…).Moi, je suis le chemin, la Vérité et la Vie ».

 L’Evangile du Bon Pasteur que nous avons médité dimanche dernier ouvrait l’intelligence de notre cœur à découvrir et accueillir la personne du Christ comme celui qui est le passage (la porte) qui nous fait entrer dans la vie de Dieu mais encore plus,  celui qui nous guide, qui nous fait entrer et sortir de la bergerie pour nous mener vers des près d'herbes fraîches. Le Véritable pasteur qui se fait tout à tous pour nous donner la vie même de Dieu ; modèle pour chacun parce qu'à notre tour, nous sommes pasteurs au milieu du monde de notre temps,

Ce 5ème Dimanche de Pâques, nous entraîne encore en profondeur dans cette connaissance et cette familiarité avec Jésus de Nazareth. Jean nous situe dans le contexte de l’imminence du départ annoncé du Maître. Nous saisissons alors combien c’est difficile pour ses disciples d’apprendre   une telle annonce. En cet homme qu’ils ont suivi depuis les débuts en Galilée, ils avaient mis tout leur espoir. Un espoir qui rejoignait l’espérance messianique de tout un peuple qui attentait depuis longtemps sa libération du joug de l’occupant. Voilà que celui –ci annonce son départ (sa Passion-Mort et Résurrection). Un rêve se brise ; désillusion et bouleversement envahissent les cœurs.

 Dans notre expérience propre, nous connaissons des situations pareilles. Devant l’échec d’un projet ou encore un espoir anéanti, nous sommes désarmés, dévastés. Les disciples vivent cette même expérience puisque toutes leurs attentes semblent réduites à néant suite à l’annonce de la séparation  éminente d'avec leur « leader ».

Jésus reprend ceux-ci et les invite à saisir sa vraie identité : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la Maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon, vous aurai-je dis : Je par vous préparer une place ? .Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi. »

On aimerait bien entendre des discours pareils lorsqu’on est déconcerté et désorienté. Mais faut-il  que la motivation soit la même. Nous voyons bien que malgré le temps passé avec Jésus, les disciples n’ont pas véritablement saisi son identité et le sens véritable de sa mission messianique. La question de Thomas le révèle de façon bien éloquente : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? ».

La réponse de Jésus est claire et sans équivoque, d’un ton solennel, il affirme : « Moi, je suis le chemin, la Vérité et la Vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Ainsi, un pan important de l’identité de Jésus se dévoile. Sa messianité ne tient pas dans l’enseignement d’une idéologie ou encore de l’annonce prophétique d’un événement à venir. Cette messianité, c’est sa propre identité. En lui tout s’accomplit car il est l'Une Fois pour Toute de la Révélation plénière de Dieu. Il n’a pas  pour mission de nous indiquer un chemin à suivre ; Il est le chemin. Il ne nous enseigne pas simplement une vérité, il est lui- même la Vérité. Ses paroles sont celles de la vie éternelle parce que lui-même est la Vie.

Nous comprenons alors sa  tristesse lorsque Philippe cherche sans véritablement comprendre un raccourci : « Seigneur, montre nous le Père, cela nous suffit ». Tout le temps vécu à ses côtés n’a pu ouvrir les yeux de leur cœur puisque celui-ci était étouffé par des entreprises totalement humaines sans références de Salut. Et pourtant, Dieu était tous les jours avec eux ; « Qui m’a vu a vu le Père » car en Jésus s’opère la présence salvatrice de Dieu pour le Monde. Personne ne peut aller vers le Père sans passer par lui.

Ces paroles de l’Evangile comme Bonne Nouvelle, sont remplies d’Espérance. En cette période de pandémie, nous sommes comme les disciples, bouleversés. Les incertitudes qui planent autour de la vie sociale, religieuse, économique et sanitaire entretiennent encore plus ce bouleversement.

Cependant, nous ne devons pas agir comme des gens sans Espérance. Nous portons en nous le Christ, chemin, Vérité et Vie. Notre adhésion à lui est  un appel à ne pas nous laisser écraser par les tourments de cette pandémie. La vie du chrétien est une identification à celle du Christ c'est-à-dire boire à sa coupe pour sortir victorieux comme lui dans tous les combats de notre vie. Ce n’est pas chose facile puisque cela demande des sacrifices, de grands efforts pour balayer toutes les formes de résistances. Suivre le Christ-chemin, c’est accepter de passer par la « porte étroite ».

Le texte des Actes des apôtres nous édifie à ce propos. Le développement de la communauté à cette époque n’était pas sans difficultés. Là où Dieu sème le grain de la Parole, le démon aussi est à l’œuvre pour semer l’ivraie de la discorde.

Cette dernière quelquefois, nous mène sur des chemins d’errance, loin de la Vérité et de la Vie. La première communauté n’y a certes pas échappé et c’est ce qui lui a valu, l’institution des sept diacres pour assurer le service de la charité dans la justice et le souci des plus vulnérables.

Notre société actuelle quant à elle, reste étouffée par cette ivraie de la violence, de la course à l’avoir, de l’injustice, du mensonge jusque dans des proportions inimaginables, de la haine, de la puissance de domination etc.

Une situation qui nous installe un désastre humain et spirituel. Notre société se déshumanise de jour en jour ; elle perd tous ses repères spirituels qui cèdent la place à un égocentrisme et un narcissisme destructeurs.

Il y a une urgence pour chacun et pour toute l’humanité de se centrer sur l’Essentiel. Nous entendons parler de crise sanitaire, de crise financière, de crise sociale. Leur véritable antidote est celui d’un renouveau spirituel et humain. Le Pape François nous rappelait lors de la prière d’indulgence pour les malades du Covid 19, que nous pensions être sains dans un monde malade. Pour guérir alors de tous ces maux, il nous faut guérir nous-mêmes du mal profond qui nous étreint en l’occurrence de notre rejet de Dieu.

« La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche ».

Comme chrétiens, l’apôtre Pierre nous rappelle que notre Baptême nous a  fait appartenir à « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au Salut ». Il n’y a pas lieu de s’enorgueillir, le disciple doit accueillir ce qui lui vient de Dieu comme un don en esquivant tout piège qui pourrait l’installer dans la suffisance et la recherche d’honneur. Ne jamais perdre de vue cet Essentiel qui est le propre du baptisé : « Annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ».

Bien chers frères et sœurs, nous sommes les pierres vivantes appelées à participer à la construction de l’édifice dont la pierre angulaire est le Christ, en ce beau temps marial, demandons à Dieu, par l’intercession de la Vierge très pure de nous obtenir la grâce de la conversion pour notre humanité, pour nous même afin que nous soyons signes et témoins de la vraie  liberté et de la vie éternelle que Dieu communique au monde. A lui Dieu, louange, honneur et Action de grâces pour les siècles des siècles. Amen !

P. Ferdinand SAMBOU

Curé