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COVID19, AUBAINE POUR UNE E-ADMINISTRATION

L’état d’urgence en période de Covid19 et l’arrêt des transports interurbain a montré à quel point nous avons besoin du numérique pour pallier à la limitation des déplacements. L’un des avantages de l’internet c’est de réduire les distances, de nous faire gagner du temps et de faire aussi des économies.

La modernisation de l’administration sénégalaise par la transformation numérique exige une confiance à l’endroit du numérique. Et cette confiance ne sera possible que si seulement cette administration dispose d’une identité numérique. Il faut, par exemple, exiger des fonctionnaires d’envoyer des courriers électroniques avec des adresses professionnelles et non personnelles. Et bien d’autres pratiques que nos fonctionnaires n’arrivent pas à intégrer dans leur quotidien.

Comment instaurer la confiance au numérique ?

Une administration ou entreprise privée ne peut demander des informations à des tiers (données à caractère personnel, confidentielles) avec des adresses gmail, yahoo. Ces pratiques ne permettent pas de sécuriser nos données qui bénéficient d’une protection particulière avec la loi 2008-12 du 25 Janvier 2008. C’est ce que nous avons constaté par rapport à la collecte d’information concernant la plateforme des 100.000 logements qui, au départ ne présentait pas les garanties en terme de sécurité des données exigée par ladite loi surtout concernant le respect et la définition des finalités. C’est d’ailleurs ce qui explique que certains citoyens exercent encore leur droit de retrait parce qu’ils n’ont plus confiance ou ne sont plus intéressé (voir le premier avis 2020 de la CDP).  

En effet, dans la collecte et le traitement des données vous pouvez exercer votre droit de retrait pour reprendre possession sur vos données. C’est encore possible pour ceux qui ont livré des informations personnelles pour l’obtention d’un casier judiciaire au site samacasierjudiciaire

En effet, le responsable du service des casiers du TGI (Tribunal de Grande Instance) de Dakar fût étonné de recevoir _comme beaucoup d’ailleurs_, l’information via whatsApp. Au niveau du ministère de tutelle aussi ces derniers disent ne pas être au courant. L’initiative est louable, mais son promoteur a négligé de demander la bénédiction de collaborateurs incontournables. Que dire de la sécurité et de la fiabilité, si n'importe qui peut user de ses compétences, créer une application et collecter sans traçabilité des informations ?

Ce qu’il faut comprendre c’est que même durant le développement d’applications il faut prendre en compte les aspects juridiques (privacy by design) afin de respecter la vie privée depuis la conception. Après la conception faire la déclaration au niveau de la CDP ce qui ne dispense pas le responsable du traitement du respect de ses obligations vis-à-vis des utilisateurs. Un utilisateur en confiance et satisfait, va parler de l’application autour de lui. Alors, plus de transparence pour plus de confiance.

Par ailleurs, la nature ayant horreur du vide il faut, pour une identité numérique existé d’abord. Exister de la plus belle façon pour éviter l’usurpation numérique. C’est ce qui est arrivé au Ministère du développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale. En effet, un site indigne du ministère a été repéré sur la toile, et après alerte l’autorité nous renseigne que le site internet en question n’est ni sa propriété, ni sous sa responsabilité. Nous convenons alors qu’il y’a usurpation d’identité numérique. Pour y remédier c’est simple nous pensons comme cet internaute qui selon lui : Ngoor Badu Dione « Il faut créer un site digne de ce nom et personne ne pensera à le faire pour vous ». Il ne faut surtout pas oublier de développer ses outils par nos compétences locales et les stocker en locale pour au moins espérer un début de souveraineté numérique.   

Ce besoin des citoyens d’aller à l’essentiel devrait motiver nos pouvoirs publics à faire une mue vers cette transformation numérique pour le service à rendre aux administrés. Pour ce faire, il faut que les fonctionnaires fassent un bon usage des ressources numériques (adresses officielles…) de leurs services pour communiquer avec leurs interlocuteurs. C'est le moment ou jamais ! En ces temps de Covid19 où certains services de l'administration disent "suspendre" le dépôt de documents physiques dans leurs bureaux.

Pour ce qui est de la relation avec les administrés au niveau des réseaux sociaux, il faut privilégier les comptes officiels et les faire certifier en lieu et place des comptes personnels. Ce qu’il faut noter avec les comptes personnels de nos dirigeants, ils associent souvent le contenu du service public à leur compte pour plus de visibilité et se permettent après de bloquer ceux qui posent des questions pertinentes.

Comme le client est roi, nous convenons alors que les administrés sont employeurs. Dans ce cas les pages et comptes de réseaux sociaux de nos administrations et ministères, ne devraient pas changer au gré des remaniements ministériels ou des changements de collaborateurs dans les ministères ou administrations.

Au regard du droit à l’information et tout ce qui va avec, le citoyen ne doit pas être privé de sa parole dans le numérique parce qu’il n’épouse pas la démarche de l’autorité. Dès l’instant que ce dernier est dans la limite de ce qu’autorise la loi il devrait être informé et être à même de s’adresser à son administrateur.

Pour rappel, l’UVS a organisé un colloque international sans dépenser un seul franc, les chefs d’Etats de l’UA, ECOWAS ont tenu des rencontres sans frais d’hôtel ni de transport aérien.

Il s’agit, au moment où il faut apprendre à vivre avec cette pandémie, de choisir de gagner ou de perdre du temps et de l’argent, de gagner ou de perdre en créativité et crédibilité.

Mister Privacy.