COMMENTAIRE DES TEXTES DU 5ème dimanche de Pâques
Chers frères et sœurs,
Nous attendons notre vie du Seigneur :
Il est pour nous un appui, un bouclier.
La joie de notre cœur vient de lui,
Notre confiance est dans son nom très saint (Ps 32, 20-21).
En ce 5ème dimanche de Pâques, la prière du psalmiste que nous venons d’emprunter, vient rejoindre et soutenir le climat du discours d’adieu de Jésus dans l’Evangile, où le poids de la séparation entre les disciples et leur maître se fait sentir.
Face à un lendemain incertain, à un projet quasi hypothéqué, il y a de quoi s’inquiéter, et se questionner sur l’avenir. C’est bien la situation des disciples qui ont besoin de réconfort, d’un éclairage, et même d’un approfondissement devant la destinée de cette personne pour qui ils ont tout consacré. C’est pourquoi les interrogations ne sauraient manquer du côté des disciples : Où vas-tu Seigneur ? Nous ne savons pas où tu vas. Comment saurons-nous le chemin ?
En vérité, depuis trois années de compagnonnage, les disciples viennent, à mon avis, de poser les bonnes questions à Jésus. Ils viennent de toucher le cœur de l’identité de Celui-là qu’ils n’avaient jamais assez connu.
Les réponses que Jésus apporte sur le motif de son départ, constituent les plus grands mystères de notre foi chrétienne sur son Être et sa Mission. En effet, faudrait-il comprendre que si le Christ va vers son Père c’est parce qu’il était descendu du Père et qu’il retourne maintenant chez Lui. Il va dans le sein du Père puisqu’Il fait Un avec Lui. Ce dévoilement du mystère de la Sainte Trinité nous certifie la vraie nature divine du Christ, consubstantiel au Père.
Cette divinité de Jésus, les disciples ont besoin de la comprendre pour savoir désormais qu’ils ont tout en celui qui est le Tout. Même s’il disparaît à leurs yeux, il est capable d’être toujours présent au milieu d’eux puisqu’ils pourront le contempler dans toute sa splendeur.
En venant dans ce monde comme homme parfait, il devient ainsi l’image parfaite de Dieu son Père. Il est le visage miséricordieux du Père, si bien que nous n’avons plus besoin d’une autre vision en dehors de Lui. C’est pourquoi, croire en Dieu, c’est aussi croire en Christ. Aller vers le Père c’est aussi passer par Lui. Vouloir vivre éternellement c’est vivre en lui. Car nous dit-il : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14, 6).
Ces paroles du Christ, nous devons toujours les voir comme la plus grande révolution du Christianisme. Cette unité de chemin, de vérité et de vie en Christ, crée toujours des heurts dans notre dialogue avec les autres religions. Pourtant, nul autre avant le Christ et après lui n’a osé affirmer cette audacieuse conviction sur la vérité du salut.
Malheureusement ou heureusement, le monde nous propose plusieurs voies de salut. Et chaque religion s’arroge le privilège du monopole de la Vérité. Les chantages maraboutiques et ésotériques ne manquent pas de nous détourner du chemin pour une rédemption uniquement terrestre et passager. Face à ces tentations, Saint Thomas d’Aquin nous convainc qu’ « il vaut mieux boiter sur le chemin qu’avancer fermement en dehors du chemin ». Etre fermement attaché au Christ, ce n’est pas seulement être exempté de soucis, de maladie, d’échec, de souffrance atroce etc. Etre sur le chemin qui est le Christ, c’est aussi porter sa croix chaque jour et marcher dans la voie de la vérité pour aboutir à la vie qui ne finira point.
Cette résolution de fidélité, nous l’appréhendons souvent comme hors d’atteinte et irréalisable. Pourtant, nous oublions souvent que dans cette unique trajectoire qui mène à Jésus, il existe aussi plusieurs voies tracées, où la vitesse d’exécution de chacun est prise en compte. Les pannes sèches qui demanderaient une réparation convenable et appropriée n’excluent pas d’office de la course. De même, les fausses manœuvres qui pourraient entrainer un quelque choc sont compréhensibles. Mieux encore, ceux qui viennent d’autres voies et qui prennent les échangeurs trouvent toujours une place quelques soient leurs heures de résolution. C’est parce que, tout simplement, nous dit le Christ « dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ».
Oui chers croyants, la résurrection de Jésus est un fait universel qui fait de nous tous des frères universels. Ce Jésus ressuscité monte désormais vers le Père pour nous préparer à nous tous des places auprès de lui ; c’est la raison pour laquelle, il n y a plus de distinction de race, de statut et de croyance entre nous. Et pour rejoindre la problématique qui fait murmure dans la première lecture, où au sein de la première communauté chrétienne les Hellénistes se sentaient sous-estimés par les hébreux, nous devons tirer une leçon solide : Il n’y a qu’un chemin et c’est le Christ. C’est lui seul que nous devons servir et pas un autre. Et pour le servir nous n’avons qu’un seul conseiller et c’est l’Esprit Saint. C’est cet esprit qui nous maintient dans l’énergie de Dieu, qui fait de nous des baptisés et des témoins, qui nous soutient dans nos choix de vie, nos engagements sociétaux et que sais-je encore. C’est lui qui concrètement a maintenu solide cette communauté primitive en choisissant ces sept frères pour le service.
Maintenant que le Seigneur Jésus va rejoindre son Père, nous avons besoin de cet Esprit paraclet. Nous en avons besoin pour rejoindre notre vocation commune de prêtres, prophètes et de rois. C’est seulement dans cette voie et avec la puissance de l’Esprit de Dieu que nous pourrons accomplir les mêmes œuvres que le Christ.
Ces œuvres, nous en avons tant besoin en ce monde si désœuvré et si appliqué à de vaines occupations ludiques et vaniteuses. Car l’esprit du monde s’agrippe exclusivement sur le visible, le concret, l’immédiat, le palpable, enfin sur l’illusoire.
Nous croyants, de la race choisie, du sacerdoce royal et du peuple saint, seul l’enseignement de l’apôtre Paul doit demeurer notre objet de complaisance : êtres comme des pierres vivantes, nous prêter à l’édification d’un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ (1P 2, 5).
Cette soif de solidification tout entière de notre être, nous en avons tant besoin en ces moments d’épreuves. Que lui le Christ, la vraie pierre angulaire, de notre construction humaine intégrale s’offre harmonieusement dans notre maturation spirituelle. Que lui, l’Architecte, le Maître du chantier, veille sur nous, sur nos maisons, et sur l’humanité fissurée aujourd’hui et pour les siècles des siècles. AMEN !
A.Y.F.D.
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