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Ce qui est obligatoire, permis ou conseillé au cours de la célébration liturgique

Participer à la messe est une des manières privilégiées de vivre une relation vivante à Dieu, grâce à Jésus et avec Jésus. Le mot vient du latin missa : « renvoi ». Ite, missa est, la for­mule prononcée par le prêtre à la fin de la liturgie tridentine veut dire : « Allez, le congé-vous est donné » (ou, dans sa forme dite ordinaire : « Allez dans la paix du Christ »). À compter du IVe siècle, le mot missa vint à désigner, non plus le simple renvoi, mais tout l’office qui le précède.

Le mot « messe » désigne donc l’ensemble des rites par lesquels on célèbre l’« Eucharistie », le mystère des mystères, d’institution divine, qui est immuable. Mais l’ « Ordo missae », manière de célébrer la messe, est réformable.

Aussi, l’Eucharistie est « source et sommet de toute la vie chrétienne » résume le concile Vatican II (constitution Lumen Gentium, 11). Par la célébration eucharistique nous nous unissons déjà à la liturgie du ciel et nous anticipons la vie éternelle quand Dieu sera tout en tous (1 Co 15, 28).

La messe est une occasion de grande communion des fidèles, avec le Christ comme entre eux. Chacun est toujours libre d’y exprimer sa foi comme il l’entend mais elle ne peut se départir, pour sa validité et sa pérennité, d’un certain formalisme. Voici quelques-unes de ces entorses à la célébration liturgique que nous commettons tous un jour ou l’autre, et que l’Instruction de la Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements, intitulé « REDEMPTIONIS SACRAMENTUM », tente de corriger. Et il est tout aussi opportun de rappeler que certaines dispositions liturgiques peuvent relever de la Conférence des Evêques ou d’un Evêque en tant que Ordinaire de son Diocèse.

I - Dire les prières réservées au prêtre

Les fidèles dévots tombent dans l’un des petits travers les plus courants en matière de liturgie. Certaines prières sont exclusivement réservées au prêtre. Combien de fois entendons-nous nos voisins dire à l’unisson du célébrant le « Par Lui, avec Lui et en Lui » (« Per Ipsum, cum Ipso,  in Ipso ») ? Il s’agit de la doxologie, par laquelle le prêtre conclut l’anaphore (partie centrale de la messe). Seul le prêtre peut la prononcer (Présentation générale du Missel romain, 151). De même, les laïcs n’ont pas à prononcer la prière pour la paix (« Seigneur Jésus-Christ, qui avez dit à vos apôtres ; Je vous laisse la paix, Je vous donne ma paix… »). Seul le prêtre l’exprime à voix haute.

Il ne s’agit pas ici de cornaquer les fidèles mais de distinguer les rôles du prêtre et du laïc à la messe : « Il faut éviter le danger d’obscurcir la complémentarité entre l’action des clercs et celle des laïcs, afin que le rôle des laïcs ne subisse pas, comme on dit, une sorte de “cléricalisation”, et que, de leur côté, les ministres sacrés n’assument pas indûment ce qui relève en propre de la vie et de l’action des fidèles laïcs » (Redemptionis Sacramentum n°45).

II - Comportements des fidèles : Les bruits

Conversations, brouhaha, bavardages… pas génial pour prier. À l’église prévaut la « règle d’or »: ce que tu ne ferais pas au Calvaire, ne le fais pas à la messe. Nous sommes devant le sacrifice du Fils de Dieu ! À l’autel, Jésus lui-même s’offre au Père comme victime pour nos péchés. Parler au voisin, répondre à des appels téléphoniques n’apparaît pas fort à propos.

III - Quelques écarts commis par le célébrant

« Dans la célébration eucharistique », la grande responsabilité incombe surtout aux prêtres, auxquels il revient de la présider in persona Christi (en la personne du Christ), assurant un témoignage et un service de la communion, non seulement pour la communauté qui participe directement à la célébration, mais aussi pour l’Église universelle, qui est toujours concernée par l’Eucharistie. Il faut malheureusement déplorer que […], en raison d’un sens mal compris de la créativité et de l’adaptation, les abus n’ont pas manqué, et ils ont été des motifs de souffrance pour beaucoup» (Redemptionis Sacramentum n°30).

De nos jours, nous vivons ici ou là un certain «  protagonisme » dans le rôle du ministre. Certains prêtres ressentent une forme de pression, une attente des fidèles, à proposer du « nouveau  » dans les messes dominicales. D’où les expérimentations, les abus parfois ou les improvisations, jusqu’au Babel (confusion) liturgique.

IV - Modifier les textes liturgiques

« L’usage suivant, qui est expressément réprouvé, doit cesser : ici ou là, il arrive que les prêtres, les diacres ou les fidèles introduisent, de leur propre initiative, des changements ou des variations dans les textes de la sainte Liturgie, qu’ils sont chargés de prononcer. En effet, cette manière d’agir a pour conséquence de rendre instable la célébration de la sainte Liturgie, et il n’est pas rare qu’elle aille jusqu’à altérer le sens authentique de la Liturgie » (R.S n°59).

V - Accompagner le prêtre dans la Prière eucharistique

« La proclamation de la Prière eucharistique, qui, par nature, est le sommet de toute la célébration, est réservée au prêtre en vertu de son ordination. Ainsi, c’est un abus de faire dire certaines parties de la Prière eucharistique par un diacre, par un ministre laïc, ou bien par un fidèle ou par tous les fidèles ensemble. C’est pourquoi la Prière eucharistique doit être dite entièrement par le prêtre, et par lui seul » (R.S n°52).

VI - Confier l’homélie à des laïcs

L’homélie pourra être supprimée aux messes de semaine, mais est de rigueur aux messes dominicales: elle « est faite habituellement par le prêtre célébrant lui-même ou par un prêtre concélébrant à qui il l’aura demandé, ou parfois, si cela est opportun, aussi par le diacre, mais jamais par un laïc » (R.S n°64). Sont également des pratiques abusives : les représentations théâtrales ou les témoignages de particuliers (sauf mariages et enterrements cela va de soi).

VII - Profiter de l’homélie pour parler politique

Important : ne soyons pas surpris si l’homélie n’a aucun rapport avec les lectures du jour. Cela n’a rien d’obligatoire mais tombe tout de même sous le sens. Il est d’ailleurs interdit de se servir de la chaire comme d’une tribune politique, devoir de réserve oblige ! « Celui qui prononce l’homélie doit veiller à projeter la lumière du Christ sur les événements de la vie. Il ne doit pas pour autant priver la parole de Dieu de son sens authentique et véritable, par exemple, en se référant uniquement à des considérations d’ordre politique ou à des arguments profanes » (R.S n°67).

VIII - Les « ministres de l’Eucharistie »

Seul le prêtre est le ministre de l’Eucharistie. Les laïcs qui aident le prêtre à distribuer la communion sont appelés “ministres extraordinaires de la Sainte Communion”. Leur présence est la bienvenue lorsque le nombre de communiants est important au point que la distribution de la communion retarderait la messe au-delà du raisonnable.

Lors de la distribution de la communion, on dit « Le Corps du Christ ». Le fidèle répond « Amen », en communiant en présence du ministre. Tout autre ajout lié à notre dévotion personnelle est inutile

IX - La distribution de la communion

On peut communier à genoux ou debout. Toutefois, quand les fidèles communient debout, il leur est recommandé de faire, avant de recevoir le Sacrement, le geste de respect qui lui est dû (R.S n°90). En outre, tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la Sainte Communion dans la bouche ou dans la main. La façon le plus traditionnelle et la plus simple de communier est directement dans la bouche. S’il préfère communier dans la main, le fidèle doit se présenter avec les mains ouvertes, superposées, prêtes à recevoir la Sainte Communion. Il n’est pas correct de « prendre » l’hostie comme s’il s’agissait d’un objet courant. Une fois l’hostie reçue, le communiant doit la consommer aussitôt, devant le ministre.

Mais encore : « Il n’est pas permis aux fidèles de prendre eux-mêmes la sainte hostie ou le saint calice, encore moins de se les transmettre de main en main » (R.S. : 94). Car la distribution de la communion n’est pas du type self-service.