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OUATTARA A PRÊTÉ SERMENT POUR UN TROISIÈME MANDAT

Pendant toute la période électorale ivoirienne, l’ambassade américaine à Abidjan n’a cessé de demander l’ouverture d’une enquête quant aux morts enregistrés lors des affrontements. L’Elysée quant à elle s’était murée dans un silence assourdissant après le discours de félicitation du président Macron dont tout le monde avait souvenir tellement on y présentait Alassane Ouattara comme le dirigeant dont l’Afrique avait besoin pour que souffle définitivement en Afrique le vent de la démocratie. En effet, celui-ci dans un communiqué avait pris le monde en témoin pour dire qu’il passait le flambeau à la nouvelle génération. On va se passer des interprétations de la loi constitutionnelle qu’ils ont fait voter aux ivoiriens avec des slogans mentionnant même l’impossibilité pour l’actuel président qu’il était de briguer un autre mandat.

Mais la prestation de serment hier au palais présidentiel ivoirien ne s’est pas fait en l’absence des amis de tenants du pouvoir africains. En effet, la France a été représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et l’ancien Président français Nicolas Sarkozy qui avait lui soutenu la première candidature de M. Ouattara ; certains parlaient en son temps d’installation.

Les Etats-Unis quant à eux ont dans un communiqué reconnu finalement la réélection d’Alassane Ouattara.

Pour l’Afrique, 13 chefs d’Etat étaient de la partie (Bénin, Burkina Faso, Congo-Brazzaville, Ethiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo). Les Présidents se trouvant dans ce grand club de la CEDEAO le savent et se passent même le mot : « Fait tout pour être proclamé président, l’opinion suivra ensuite et pour ses intérêts ».

Avec de telles attitudes, on est bien loin de la fameuse définition de la démocratie : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Entendre Ouattara dire qu’il appelle affectueusement son homologue du Congo l’empereur ne le prouve que plus aisément.

Elu en 2010 et 2015, M. Ouattara a été réélu le 31 octobre pour un troisième mandat controversé dès le premier tour avec le score soviétique de 94,27% des voix. L’appel de l’opposition à la désobéissance civile et au boycott des élections ayant été entendu. Les violences électorales ont fait 85 morts dénombrés entre août et novembre.  

Malgré la rencontre le 11 novembre entre le président Ouattara et le chef de l’opposition, l'ancien président Henri Konan Bédié, l'opposition continue à contester le résultat du scrutin et n’a pas d’ailleurs assisté à la cérémonie d’investiture.

Malgré son appel au rassemblement, l’exemple du traitement du dossier des violences post électorales de 2010_ où seul un camp a été présenté devant la justice_ peut faire foi pour laisser bon nombre d’ivoiriens et d’observateurs de la scène politique internationale douter de la véracité de tels propos. On essaie de sauver certainement la tenue prochaine des législatives.

Il faut tout de même préciser que la légalité ne l’emportera jamais sur la légitimité. Et le traitement du dossier malien dans lequel la CEDEAO avait échoué dans son premier point de discussion à savoir le retour au pouvoir du président IBK prouve suffisamment qu’un peuple déterminé se passera toujours des  personnes qu’il juge mal élues et sympathisera avec n’importe quel putchiste.

En attendant, les activistes africains feront mieux de surveiller le président Ouattara car le président français n’était certes pas au palais ivoirien hier physiquement, mais il est bien de la danse car pour la zone Francs il vient il a encore avec lui le gouverneur qui aidera à façonner la nouvelle monnaie « L’Eco ».

Ne nous pressons point, « c’est déjà demain » comme disait Tofler.